A quoi joue le Président Macron?


    Le Président Macron a commencé sa carrière politique dans les cabinets ministériels. Avant les présidentielles, il ne s'était jamais présenté à une élection. Macron n'aime pas le parlement. Il ne le connaît pas et comme tous les technocrates, il méprise ces débats qu'il juge inutiles. Pour décider, il préfère les comités de techniciens. Il les consulte, les écoute et tranche.

     Pour accéder au pouvoir le Président Macron a bénéficié de la volatilisation de Messieurs Strauss-Kahn et Fillon, abattus tout deux en plein vol par leurs propres turpitudes.

     A gauche, le crash de M. Stauss-kahn a permis l'improbable élection du président Hollande qui a aboutit à l'éclatement de la gauche que M. Macron a phagocyté. A droite l'écrasement de M. Fillon a ruiné tout espoir pour la droite. M. Macron a profité de cette opportunité pour faire resurgir une improbable coalition des centres.

      Le président Macron sait très bien que les institutions de la V° république ont été conçues par le général de Gaulle et Michel Debré pour abattre le régime honni des partis. Pour lutter contre les régimes d' assemblée des troisième et quatrième républiques, le général de Gaulle s'était réservé l'arme de referendum. Le système majoritaire à deux tours avait pour ambition d'imposer en France un bipartisme à l'anglo-saxonne. S'il n'a pu réussir cette dichotomie de la vie politique française, ce système électoral a néanmoins assuré la stabilité gouvernementale mais ruiné les centre-gauche et centre-droit.

      L'anéantissement de la droite et de la gauche de gouvernement a permis la résurrection du centre par l'alliance de ceux qui s'appelaient sous la IV République radicaux-socialistes et  démocrates chrétien. Ce sont eux qui ont porté le président Macron au pouvoir. Celui-ci sait très bien que son socle est fragile et qu'il ne pourra se maintenir qu'en l'absence de vrai leader sur sa gauche et sa droite. Si tel n'est pas le cas, M. Macron sait qu'il risque de pas être au deuxième tour et que, quand bien même il serait élu, il a peu de chance de conserver une majorité au parlement. Sa seule possibilité de se maintenir au pouvoir est donc d'empêcher l'émergence de majorité stable de gauche ou de droite à la chambre des députés.

      Le Président Macron, pénétré de sa légitimité populaire qu'il tire du suffrage universel, ne souhaite pas partager le pouvoir ni avec un premier ministre, ni avec le parlement. Quand le premier ministre prend trop d'importance, on le congédie. Face au parlement, le Président a usé de trois moyens qui ont pour effet d'affaiblir la représentation nationale.

      On encourage le referendum d'initiative populaire pour supprimer le monopole législatif du parlement. On organise les conventions citoyennes quitte à ébranler la représentativité du parlement. Les membres de ces conventions sont sensés être tirés au sort mais de manière représentative, ce qui signifie que l'on bidouille la désignation des heureux gagnants avant de les manœuvrer en leur imposant des présidents et experts militants. On annonce de l'introduction de la proportionnelle pour les prochaines élections, ce qui est le plus sûr moyen d'assurer une majorité au centre : il suffira de débaucher quelques élus de droite et de gauche. Le risque est alors que le Président, sans majorité stable, se retrouve dans une cohabitation perpétuelle source d'instabilité gouvernementale, ce qui ne fera que renforcer la défiance du peuple envers ses représentants et par là même favoriser les populismes de tous bords.

      Le président Macron doit évidemment être conscient de ce danger, c'est pourquoi, dans un deuxième temps, il tentera d'imposer une réforme constitutionnelle visant à présidentialiser tout à fait le régime en supprimant la responsabilité du gouvernement devant l'Assemblée Nationale en contrepartie de l'abandon du droit de dissolution dont il dispose. Jupiter ne veut pas devenir un dictateur mais rêve d'une présidence à l' américaine. Si cette seconde réforme ne peut aboutir, la proportionnelle sera une catastrophe.  Le jeu en vaut-il la chandelle ? N'est pas Bonaparte qui veut...