Dogmatisme et progrès
Le progrès naît de la contestation , et il ne peut y avoir de contestation sans liberté. On peut donc en déduire qu'il ne peut y avoir de progrès sans liberté. Le principal ennemi de la liberté de penser, c'est le dogme énoncé par une autorité qui refuse toutes discussions à son propos.
Un dogme est une affirmation péremptoire qui ne peut être justifiée rationnellement, ce qui distingue le dogme de la vérité scientifique. Le dogme se différencie de l' axiome ou du postulat en ce qu'il n'est pas évident. Il ne découle pas de principe moraux universellement admis mais sert au contraire à édicter une règle morale. Il est imposé par une autorité qui peut être religieuse, philosophique, ou politique. L'église primitive a ainsi édicté de nombreux dogmes pour lutter contre le foisonnement des interprétations de la Bible. Les conciles avaient le plus souvent pour but de définir ce qui devait être admis comme conforme aux prescriptions de la Bible et ce qui devait être rejeté en tant qu'hérésie. Le Coran, dicté directement par s à son prophète Mahomet, ne peut tolérer aucune discussion . Plus prés de nous, des idéologies radicales ont recours à des dogmes, comme la lutte des classes et la dictature du prolétariat, principes indiscutables pour les marxistes.
L'autorité qui édicte le dogme veille jalousement à son respect. Ce fut le rôle de l' Inquisition crée par l' Église catholique au XIII° siècle. L'Islam, n'ayant pas d' église constituée laisse le soin aux Imams d' émettre des fatwas auxquelles les croyants doivent se soumettre. Les autorités communistes ont réprimé leurs opposants en les accusant de déviationnisme, ce qui les menait tout droit aux camps de rééducation ou goulags. Le dogme a pour ennemis principaux la discussion, le débat et la controverse.
Sur injonction des régimes islamistes extrémistes et de leurs émules, des journalistes sont massacrés et un professeur décapité pour avoir enfreint le dogme qui interdit toute représentation du prophète , même sous forme des caricatures. Une jeune fille est harcelée pour avoir fait part de son homosexualité et critiqué vertement l' Islam. Les islamistes n'ont malheureusement pas le monopole d'une censure violente ; en Chine, en Russie et en Turquie , les opposants sont toujours persécutés et réduits au silence.
En Occident, on aurait pu croire que le temps des dogmes était révolu et que la liberté de penser ne connaîtrait plus de restrictions. Or, on est bien obligé de constater aujourd'hui des atteintes de plus en plus fréquentes à la liberté de penser. Cette censure peut prendre soit des formes violentes, soit des formes plus insidieuses. Les tenants de l'intersectionnalité regroupant les ultra-féministes, décoloniaux, et combattants de l'islamophobie n'hésitent pas à s'opposer violemment à la tenue de conférence ou de spectacles dénoncés en raison de leur blanchitude. Des champs où sont expérimentées de nouvelles techniques sont vandalisés par des écologistes radicaux.
S'opposer aux dogmes bien établis dans nos sociétés dites libérales n'est sans conséquences. Tel présentateur de la météo à la télévision est remercié pour avoir , hors antenne, fait part de son climato-scepticisme ; tel professeur d' université australien voit son enseignement supprimé parce qu'il avait contesté que le réchauffement climatique soit à l'origine du blanchiment des coraux. Cette censure est plus pernicieuse. Lorsqu'une opinion est contraire à la doxa ambiante, au mieux elle est ignorée par les médias et son auteur est ostracisé , au pire elle est dénoncée sur les réseaux sociaux et son auteur recevra un tombereau d'injures, voire de menaces.
Certes, la liberté d' expression existe juridiquement à l' exceptions de délits sanctionnées par la Loi Pleven. Mais il ne serait pas étonnant de voire, dans un future proche, le délit d' écocide être étendu à ceux qui contesteraient les oukases environnementalistes au motif de nier ou minimiser les crimes contre la nature. Les aficionados de la tauromachie pourraient bientôt être poursuivis pour incitation à la haine envers les animaux.. et les apiculteurs être condamnés pour esclavagisme des abeilles.
Tout cela est beaucoup plus grave qu'il n'y paraît. Sans confrontation des idées, il n'y a pas de progrès possible. Mais il est vrai qu'aujourd'hui, c'est la notion même de progrès qui est en cause puisque selon les déclinologues et autres collapsologues, c'est le progrès technique qui serait responsable de tous nos maux et les décolonialistes n'y voient que le reflet de l'impérialisme blanc. Il est effectivement probable que la controverse n'existait pas chez les chasseurs-cueilleurs. Avec les premiers sédentaires agriculteurs ont commencé les discussions en bout de champs pour savoir quelle était la meilleure manière d'obtenir une bonne récolte. De là est venu le progrès quand les agriculteurs, sortant des sentiers battus ont expérimentés de nouvelles méthodes ou de nouveaux outils. Il faut encourager l'innovation même quand elle bouscule des dogmes bien établis. Il faut cesser d'avoir peur du progrès, à la condition toutefois que cette dévotion dans le progrès ne devienne pas elle-même un dogme.
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