Du catastrophisme au totalitarisme


       La peur fait vendre du papier et augmenter l'audimat. Les médias l'ont bien compris et s'en donnent à cœur joie ! Peur des pesticides, des vaccins, de la moindre pollution, des substances soupçonnées d'être cancérogènes, des ondes électromagnétiques. Le plus souvent, ces réquisitoires n'ont aucun fondement scientifique .

       Les gouvernants n'osent pas démentir ces rumeurs qui se répandent comme traînée de poudre, dans la crainte qu'ils sont d'être impopulaires, d'être accusés de collusion avec d'hypothétiques lobbies ou, en cas d'accident, de se retrouver devant les tribunaux, .Face à ces frayeurs irraisonnées, pour se dédouaner, ils ont inventé le précautionnisme.

       A la moindre rumeur d'un éventuel danger, on stoppe tout. Le train, l'automobile, l'avion, la vaccination, les antibiotiques, les désinfectants, les centrales nucléaires, le portable, l'ordinateur, toutes ces nouveautés auraient dues être interdites au nom du principe de précaution. Combien de molécules prometteuses dont l'expérimentation a été arrêtée au premier effet indésirable décelé sans que l'on se donne le temps d'évaluer le rapport coût/avantage. Combien de technologies nouvelles seront bloquées pour un risque incertain.

       Le précautionnisme mène tout droit à l'immobilisme. Plus de progrès, plus de recherches, plus d'inventions. Les laboratoires et bureaux d' études cesseront leurs travaux redoutant de voire les investissements consentis être perdus sur un simple soupçon.

        De cet immobilisme on passe facilement à l'Idée que « c'était mieux avant ». Et c'est ainsi qu'avec Harari, on fantasme sur l' âge d'or du chasseur-cueilleur qui se nourrissait de baies et de souris et dont l'espérance de vie était le quart de celle d'aujourd'hui. Cette nostalgie de l'âge d'or va de paire avec la critique de nos sociétés modernes démocratiques. Le libéralisme et la mondialisation sont dénoncés comme responsables de ce futur désespérant.

       Ce désespoir passéiste encourage le nationalisme et la xénophobie qui sont les carburants préférés des populismes. Trump, Johnson, Bolsonaro, Erdogan, Orban, ils se sont tous vantés le retour à un âge d'or durant lequel leur pays redeviendrait puissant.

     L'histoire a montré que souvent nationalisme et autoritarisme sont associés. On dit que l'histoire ne se répète pas mais les années 30 ont beaucoup de points communs avec la situation d'aujourd'hui : méfiance envers la démocratie représentative, rejet de l'étranger qui sert de bouc-émissaire, tendance à l'autoritarisme, prédominance des idéologies sur la rationalité, stagnation économique, et retour au protectionnisme.

      Si les mêmes causes produisent les mêmes effets, les lendemains ne chanteront pas.