et l'on voudrait que j' ai le moral

     La peur de l'an 1000 reposait sur l'idée d'une fin du monde imminente dont les raisons étaient d'ordre métaphysique.

      Depuis, les grandes peurs redoutées ont toutes une origine liée à l'activité humaine.

    Au XIX eme, avec Malthus, c'est la peur d'une surpopulation que la terre ne pourrait nourrir.

     La peur de l'an 2000 était circonscrite puisque l'on craignait simplement un bug géant lié au passage de 1999 à 2000 dans les calendriers informatiques.

      Vingt-trois ans après, quatre grandes peurs agitent les esprits.

    La guerre en Ukraine est celle dont les effets seraient les plus destructeurs . Une escalade vers un embrasement atomique est tout à fait possible qui entraînerait la disparition de toute vie sur la terre. Cette menace est réelle mais malheureusement il n'existe aucune solution pour bloquer ce processus à partir du moment où il serait lancé. Cette peur est tout à fait justifiée puisque le déclenchement de cette apocalypse atomique est entre les mains d'un psychopathe mégalomane qui ne voudra jamais reconnaître sa défaite. La seule solution pour palier à cette menace serait naturellement d'y céder avec la certitude de se retrouver dans la même situation quelques mois plus tard avec l'invasion des Payes Baltes ou de la Moldavie. Il ne reste qu'à espérer un révolution interne de l'armée russe, seule en mesure de renverser le régime Poutine et ses alliés du FSB. Une autre inquiétude du même ordre concerne une éventuelle agression de Taïwan par la Chine qui serait programmée pour 2025. Bien entendu, face à ces menaces, le citoyen n'a aucun moyen d' action si ce n'est par son bulletins de vote en sanctionnant les munichois de tout poils.

     La seconde peur la plus souvent évoquée tient au changement climatique. Les prévisions de la grande majorité des experts sont alarmistes puisqu'ils nous annoncent un réchauffement de plusieurs degrés dans les 25 ans qui viennent. Contrairement à la précédente peur, cette inquiétude n'a pas encore d' effets catastrophiques immédiats et un abaissement drastique des émissions de CO2 serait susceptible limiter les conséquences désastreuses annoncées. La difficulté réside dans la mise en place coordonnée au niveau mondiale de ces restrictions. Les pays riches veulent bien limiter leurs émissions dans la mesure où ces limitations n'auraient pas de conséquences trop douloureuse sur le train de vie de leurs populations. Les pays moins développés n'accepteront jamais des limitations qui auraient pour effet de les empêcher de rattraper le niveau de vie des pays riches. Ces pays, dont beaucoup n'ont pas d'infrastructures électriques dignes de ce nom, ne peuvent accepter qu'on les prive des ressources carbonées, seules énergies qu'ils peuvent se procurer plus ou moins facilement. Penser que, dans les 25 ans qui viennent, les énergies éoliennes, photovoltaïques ou hydrauliques pourront compenser le pétrole ou le charbon pour ces pays est une vue de l'esprit. Le seul espoir est que les pays développés se convertissent au plus vite à la fusion nucléaire et que l'on soit capable d'inventer une méthode efficience pour récupérer le co2 lors de la combustion des énergies fossiles. Heureusement que, contrairement à ce que prédisent les Cassandres médiatiques, il existe un délais raisonnable pour mettre en œuvre ces solutions. L'usine d' Orca Islande et le projet ITER de Cadarache représentent un véritable espoir que les citoyens de tous les pays doivent soutenir plutôt que de pleurnicher sur une impossible décroissance. Là encore, le citoyen est dépourvu de tout moyen d'action même si des campagnes médiatiques lui laissent croire le contraire. Ce n'est pas en supprimant les tickets de caisse que l'on évitera les milliards de tonnes de CO2 et de méthane relâchés à travers le monde.

     Le grand remplacement est une autre crainte qui frappe une bonne partie de l' Occident et qui est notamment très présente en France en raison de son exploitation par une certaine droite. Cette anxiété repose sur deux argumentations différentes. La première repose sur l'idée que la civilisation judéo-chrétienne est en danger face à une supposée islamisation des mentalités. Il est exact que depuis le seconde moitié du XX siècle, les religions chrétiennes sont en perte de vitesse ainsi qu'en témoignent la crise des vocations et la désertion des églises. Cette déchristianisation trouve son origine dans une tradition républicaine anticléricale et laïcarde qui s'opposait à une supposée alliance du sabre et du goupillon. L'idéologie marxiste a renforcé ce courant dans la première moitié du XX siècle puis a été remplacée par la philosophie de la déconstruction pour qui toute structure sociale est aliénante. L'islam de France n'a guère pesé dans cette désaffection des églises. Il est difficile de se rendre compte si les mêmes causes ont les mêmes effets sur les Musulmans que sur les Chrétiens. Il est très hasardeux de prétendre que les jeunes voyous qui se sont illustrés par des pillages lors des dernières manifestations violentes seraient liés à une quelconque religion. Ce n'est pas parce que beaucoup venaient des quartiers défavorisés qu'il faut y voir une origine religieuse. L' explication de ces comportements déviants serait plutôt à rechercher dans l'échec de l'éducation nationale. Par contre, il existe un consensus pour affirmer que l' Europe occidentale va se trouver très bientôt submergée par une immigration incontrôlable en provenance du continent africain. Cette vague migratoire sera d'autant plus forte que certaines mesures environnementales pourraient freiner le développement des pays à l'origine de cette vague. Tout le monde sait que le seul remède serait d'aider ces pays à se développer avec la difficulté que ces interventions ne soit interprétées comme du néocolonialisme. Pour faire face à cette inquiétude, le citoyen a la possibilité d'agir en soutenant nombre d'associations qui travaillent efficacement à l'aide au tiers monde.

     Une nouvelle inquiétude apparue depuis peu concerne l'apparition de l'homme augmenté par l'Intelligence Artificielle. Dans un premier temps, les scientifiques nous exposent que , grâce à la greffe de puces électroniques dans le cerveau, un certain nombre d'handicaps pourront être vaincus. Personne ne peut s'opposer à une telle thérapeutique qui pourrait permettre à un paraplégique de remarcher, de soigner les patients atteins d' Alzheimer etc. Dans un deuxième temps , on nous explique qu'un enfant pourrait être conçu dans un utérus artificiel installé dans le salon de façon à ce que les parents puissent assister au développement du fœtus sans que la mère supporte une grossesse pénible. Enfin on nous prédit que grâce à une puce installée dans le cerveau et en liaison constante avec Google, on pourra avoir ses facultés intellectuelles décuplées. Cet homme 2.0 nous est annoncé dans les dix ans qui viennent. Beaucoup de chercheurs et philosophes prêchent pour un moratoire neutralisant cette marche vers l' homme augmenté. L'expérience montre cependant qu'aucun moratoire de ce type n' a jamais fonctionné. Le citoyen n'aura donc que le choix de refuser et par là même de devenir un sous-homme ou d' accepter et de devenir un zombie intellectuel façonné par les GAFA.

« Et l'on voudrait que j'aie le moral »comme chantait Jacques Brel