la carotte ou le bâton


     Un consensus semble exister pour affirmer que les récentes émeutes auxquelles se sont livrés des jeunes majoritairement de moins de 17 ans aurait pour principale raison un déficit d'éducation.

     Pour remédier à ces comportements délinquants, certains prônent un abaissement de l'excuse de minorité et un alourdissement des peines. Ces mesures seront très probablement inefficaces dans la mesure où un séjour en prison est le plus souvent considéré comme valorisant dans beaucoup de cités difficiles.

     On avance également que cette délinquance des mineurs est un phénomène liée à une immigration africaine et nord-africaine non contrôlée. Certes, beaucoup de jeunes arrêtes lors des émeutes étaient d'origine maghrébine ou africaine. Mais ces jeunes, pour la très grande majorité, sont de nationalité française. Or, ce n'est pas l'origine ethnique qui importe, mais la provenance de ghettos péri-urbains qui sont un concentré de misères et délinquances.

     Pour d' autres, les parents et l' éducation nationale sont considérés comme responsables de cet état de fait et il est proposé de sanctionner les parents en leur supprimant les allocations familiales. Ce remède est pire que le mal. Ce n'est pas en appauvrissant les parents que l'on va améliorer la vie des enfants en difficulté.

       D'autres réclament de punir les parents en leur faisant payer, à titre de dommages et intérêts, les dégradations commises par leurs enfants. C'est déjà le cas puisque les parents sont civilement responsables de leurs enfants mineurs, mais cela aboutit le plus souvent à condamner des foyers insolvables.

     Souvent ces jeunes casseurs sont issus de familles monoparentales composées de mères qui peinent à élever leurs enfants. Ces mères n'ont pas besoin de sanctions mais c'est des aides qu'ils leur faut.

     Cette aide ne pourra venir de l' école. Les maîtres, dans un premier temps ont en effet expliqué qu'ils n'étaient pas là pour éduquer mais pour instruire. Les codes de bonne éducation sont en effet considérés comme favorisant la discrimination sociale. Maintenant, les mêmes nous expliquent qu'ils ne sont pas là pour instruire mais pour permettre l'acquisition de compétence , c'est à dire fournir les outils nécessaires à une vie professionnelle. Les hussards noirs de la III° République doivent se retourner dans leurs tombes !

     Face à une école qui se refuse à d'éduquer les enfants et des parents incapables de les élever, il existe heureusement une institution qui peut combler cette lacune : la Protection Judiciaire de la Jeunesse. (PJJ) qui dépend du ministère de la la justice.

     Cette administration compte environ 8500 postes pour surveiller environ 150 000 jeunes répertoriés par la justice comme étant en difficulté, soit un éducateur pour 17 enfants. Ces 150 000 jeunes qui font l' objet d' un suivi sont pour la plus part déjà tombés dans la délinquance ; ce chiffre ne comprend donc pas les mineurs en difficulté qui échappent aux radars de la justice. Il est probable que le chiffre des enfants dont l' éducation laisse à désirer devrait être multiplié par 2 ou 3. La mission de la PJJ devrait élargie en ce sens. Donnons donc les moyens aux services de Protection Judiciaire de la Jeunesse en insistant autant que faire se peut sur l'aspect préventif de leur mission. Il conviendrait donc de doubler le nombre d'éducateurs ce qui représenterait le recrutement de 8000 postes à comparer 900 000 postes d' enseignants de l' éducation nationale. Le salaire moyen d' un éducateur étant de 2500 euros , cette mesure représenterait un coût annuel de 240 millions par an à comparer aux 640 millions d' euros de dégats occasionnés lors des dernières manifestations de jeunes.

     Les mesures d' AEMO (Action Éducative en Milieu Ouvert) doivent perdre leur caractère répressif qui les font souvent être mal reçues par les parents. La convocation des parents devant le juge des enfants est souvent mal ressentie et ne devrait intervenir qu'en cas de délinquance avérée de l' enfant. L'initiative des mesures préventives devraient appartenir aux maires ou à leurs service sociaux sous le contrôle du juge des enfants. Les AEMO doivent être considérées par les parents comme des aides et non comme des punitions. Une allocation spécifique pour enfant en difficulté (ASED) de 100 euros par mois serait octroyée aux parents afin de financer du soutien scolaire et des activités sportives ou artistiques permettant à l'enfant de développer son sens de l'effort et de la vie en communauté . Elle serait naturellement sous condition de ressources et subordonnée au progrès de l'enfant dans son comportement et dans ses résultats scolaires .Elle serait naturellement supprimée à la première incartade de l' enfant. L'éducateur disposera ainsi, sous le contrôle du juge pour enfant, d' une carotte ( ASED) et d' un bâton ( la menace du centre éducatif fermé) qui devraient lui permettre d' agir efficacement sur l'enfant et sur ses parents.

     Le coût de cette ASED serait approximativement de 180 millions par an si on estime qu'un enfant en difficulté sur deux la mériterait, ( à comparer au budget des allocations familiales qui est de 56 milliards par an). Bien entendu, tout le coté judiciaire de la justice des mineures serait maintenu avec une augmentation substantielle des centres éducatifs fermés.

     Si on additionne le coût de ces deux mesures, soit un coût d' environ 400 millions par an, on pourrait améliorer sensiblement les problèmes de délinquance de la jeunesse. Pour financer ces mesures, il suffirait de multiplier par 5 les pénalités infligées aux 1100 communes qui ne respectent pas l' obligation de construction de 25% de logements sociaux.

    Certains rechignerons en prétendant qu'il est déplacé de récompenser les parents d'enfants prédélinquants. Ce n'est pourtant qu' à ce prix que l'on parviendra à redonner de l'espoir à une jeunesse en perdition.