Eh! La France, prend garde, ta justice fout le camp!


Le principe de la présomption d' innocence : envolée !

La respect de la vie privée : pourquoi ? Moi je dis tout.

Le contradictoire : tare ta gueule à la récré !

La prescription : ça sert à quoi ?

La charge de la preuve : inversée.

L 'autorité de la chose jugée : ça se discute .

L'indépendance des juges : des petits pois.

La déontologie: bof ...

Le respect de la procédure :c'est complètement ringard.

Le secret de l'enquête et de l'instruction : dépassé.

La sérénité de la justice : carton rouge !

       Tous ces principes qui fondent l' état de droit sont à ce jour contestés. La justice est malmenée sous la pression de l' opinion publique.

      L'émotion doit primer le droit. A la modération, au débat, à la confrontation des témoignages , on préfère l'anathème, l'injure et la violence. Le cliché remplace l'argumentation. L'invective chasse la démonstration. La mauvaise foi est de mise et la menace se substitue à la réfutation. On attaque l'homme dans sa vie privée pour discréditer ses idées. Ce n'est certes pas nouveau. Les débats sous la 3eme République étaient d'une rare violence. L'affaire Dreyfus, la crise de Panama, l' affaire Stavisky et bien d'autres crises ont provoqués des affrontements d'une violence extrême à la Chambre comme dans la rue. Mais ce qui est nouveau, c'est que le rôle accrue de l'image qui supplante maintenant le récit. S'il n'y a pas d'image d'un événement, il ne sera pas repris sur les chaînes d'info. Par contre si une scène est filmée, même si elle n'a pas grand intérêt, le sujet sera repris en boucle dans tous les médias .Vive la dictature de la vidéo.

      L'opinion publique est manipulée par les algorithmes des réseaux sociaux et par des journalistes à la remorque du dernier buzz. Les chroniqueurs sont angoissés par les réactions que leurs propos peuvent provoquer sur la toile. Alors , pour ne pas tomber sous le coup d'une cabale, on ne s'écarte pas de la doxa. C'est l' hégémonie des minorités radicalisées, apôtres de la déconstruction et du communautarisme qui, elles, ont droit à l'outrance et à la démesure. Et puis bien sûr encore et toujours la peur, ça fait grimper l'audimat, sans compter les fake-news, et les théories complotistes dont, il reste toujours quelque chose.

      Sous la pression de l'opinion, les juges sont sommés de réagir dans l'immédiat. Le suspect est condamné sur la place publique avant même d'avoir pu s'exprimer. On juge avant les juges. Si ceux-ci décident qu'il n'y a pas lieu à poursuite, le mal est fait. L'accusé à tors pourra toujours essayer en vain d'obtenir que les médias donnent le même retentissement à sa mise hors de cause que celui qui avait été donné pour sa mise au pilori.

       Montaigne, Montesquieu, Condorcet, Voltaire, au secours ! L'humanisme fout le camp et la justice avec. Tant pis pour la culture, l'intelligence, la science et le progrès. Dommage, même si ces abandons font le jeu des populistes de tous poils. Mais au moins sauvegardons l' État de Droit et ses principes pour nous préserver du totalitarisme.

      On ne pourra pas dire qu'on savait pas...et pourtant il est probable qu'on ne fera rien .