La violence dans tous ses états


      Toujours à la recherche du sensationnel, les médias se polarisent sur la violence qu'il s'agisse de celles qui émanent de la police, de celles dont sont victimes les femmes ou les élus et celles auxquelles se sont livrées les supporters du PSG.

      Contrairement à ce qui est généralement affirmé, il n'y a pas un problème de la violence en général mais des violences différentes qui n'obéissent pas aux mêmes motivations. C'est pourquoi il est utile d' analyser les différents types de violence car à chacune le remède doit être particulier.

     La première catégorie est ce qu'il faut appeler la violence de domination. Elle s'exerce collectivement ou individuellement et dans ce dernier cas, les violences familiales sont les plus choquantes bien qu'ayant toujours été présentes. Il suffit de rappeler que dans l' Empire Romain et encore dans certaines civilisations, la femme n'était que la chose de l'homme sur laquelle il avait le droit de vie et de mort. La civilisation chrétienne a été la première à reconnaître la femme comme une personne à part entière même si elle a beaucoup tarder à lui accorder le droit de vote.Tout n'est pas gagné et les violences conjugales perdurent dans tous les milieux.

     La réponse à cette violence individuelle est d'ordre éthique. Reconnaître en chacun une personne ayant la même dignité, les mêmes droits et les mêmes devoirs relève de l'éducation de la morale, discipline totalement abandonnée. Ne pas faire à autrui ce qu'on ne voudrait pas que celui-ci vous fasse relève de l'éthique la plus élémentaire. La réponse pénale à une violence de domination risque d'être inefficace car la prison ne sait pas changer la mentalité d'une personne.Tout au plus , elle ne peut qu'empêcher cette même personne de nuire pendant un certain temps.

     La domination s'exprime aussi de manière collective. Les violences religieuses sont malheureusement très anciennes et encore très fréquentes. Les chrétiens, les musulmans, les bouddhistes ont tour à tour été persécuteurs et persécutés. De même, on aurait pu penser que les massacres et violences raciales disparaîtraient après le choc que fut la révélation de la Shoa. Il n'en est malheureusement rien ainsi que le prouve les malheurs des Rohingyas ou des Tutsis. Les luttes politiques ont toujours été empreintes de violences. Rappelons nous la Terreur , les journées révolutionnaires, les attentats anarchistes, le stalinisme , le 6 février 34 ou mai 68.Toutes ces violences anciennes ou modernes participent de la volonté d' assurer la domination d'une race , d'un sexe, d'une nation ou d'une idéologie. La fin justifiant les moyens, tout est bon pour assurer cette vision du monde où certains sont les maîtres et les autres les esclaves.

      Lorsque cette violence de domination est institutionnalisée plus ou moins officiellement par des États, il est évident qu'il ne peut y avoir de sanction que par d'autres États, à travers des tribunaux Internationaux comme la Cour Pénale Internationale.

     Une seconde catégorie de violence est constituée de qu'il faut appeler les violences de rébellion. Il s'agit de toutes les violences exercées contre toutes formes d' autorité : la police, les maires, les conducteurs d' autobus ou même le simple citoyen qui demande à un autre de porter le masque. Il s'agit d'essayer d'échapper à l'autorité susceptible d'être à l'origine d'une sanction. C'est souvent la peur de la gravité sanction qui provoque le refus d'obtempérer et la tentative de fuite. Mais il existe aussi des individus qui ne peuvent supporter la moindre remontrance. Habitants le plus souvent dans des quartiers défavorisés, ils n'ont que mépris pour la société qui souvent ne leur a pas apporté beaucoup d' avantages. Le plus souvent jeunes et en échec scolaire, ils maîtrisent mal la langue française et en ressentent un sentiment d' infériorité qu'ils combattent en s'exprimant par les menaces et la brutalité qui sont leurs seuls moyens communication disponibles pour se défendre contre une infériorité ressentie mais jamais avouée.Ils ne supportent pas l'autorité .Leur donner un ordre, c'est manquer au respect qu'ils croient leur être dû . Obéir c'est reconnaître son infériorité.

      La lutte contre la violence de rébellion ne peut passer que par l'éducation et une aide psychologique.L'alphabétisation, l' apprentissage d'un métier sont les seuls moyens de supprimer ce sentiment d'infériorité. L'administration pénitentiaire fait de son mieux avec des moyens notoirement insuffisants. Faire de ces rebelles des citoyens respectueux des lois nécessite un apprentissage de l' obéissance. Les militaires savent très bien éduquer les soldats à la discipline qui , on le sait, fait la force des armées. La particularité de la sanction militaire est qu'elle est immédiate, décentralisée et sans voies de recours du moins pour les infractions les moins graves. Tous ceux qui ont fait leur service militaire ont entendus un adjudant dire : « vous me ferez 5 jours d' arrêt ». Ces jours de prisons se font à la caserne même et sont assorties de diverses corvées à effectuer. Peut-être pour certaines incivilités pourrait-on s' en inspirer et donner aux commissaires de police le droit de prononcer des petites peines qui s'effectueraient au commissariat du quartier avec des corvées obligatoires sous contrôle de la police. Afin de décourager les black block, les Danois viennent de décider que, lors de la prochaine COP, les procureurs pourraient prononcer des peines allant jusqu'à 'à 40jours de prison avec effet immédiat. L'immédiateté de la peine a sans nl doute un effet dissuasif.

      La violence de protestation quant à elle se manifeste lorsque les mécanismes de résolution des conflits ne fonctionnent pas. Une profession, un syndicat,un groupe ethnique peut céder à cette forme de violence quand les revendications jugées légitimes ne sont pas entendues. Les jacqueries de l'ancien régime appartenaient à ce type de violence. Les paysans ne souhaitaient pas prendre le pouvoir, ils voulaient simplement que leurs misères soient prises en compte . Si les revendications sont justifiées, une certaine indulgence est de mise. Mais cette violence de protestation est souvent récupérée et c'est typiquement ce qui s'est passé au début du mouvement des gilets jaunes,lorsque les black block se sont emparé du mouvement pour transformer cette violence de protestation en violence provocation.

      La violence de provocation est souvent difficile de distinguer des violences de rébellion et de protestation pourtant son but est totalement différent. A l' exception des très jeunes enfants qui s'y adonnent volontiers , c'est toujours une violence collective qui obéit la théorie du terrorisme formulée par de Bakounine, : il s'agit, par un geste d'une extrême violence, de provoquer une répression tout aussi violente qui, in fine, provoquera une guerre civile permettant la prise de pouvoir par la minorité à l' origine de la provocation.

     La seule méthode de lutte efficace contre la violence de provocation est de l' ignorer. Sans publicité, l' attentat terroriste n'a plus aucune utilité. C'est ce qu'avait compris le KGB qui interdisait toute information sur les quelques attentats survenus dans le métro moscovite. Pour les démocraties où règne la liberté d' informer, cette censure est impossible. La répression est délicate car toute condamnation entraîne la victimisation des auteurs qui se présentent alors en martyrs. Sans s'en rendre compte, les média qui ont dénoncé avec force les violences policières lors des épisodes ultimes de gilets jaunes se sont fait ainsi les complices involontaires des provocateurs !

       Les pillages lors de manifestations obéissent à une motivation différente : l'appropriation. La violence d' appropriation sert à se procurer un bien auquel on n'a pas droit. Les vols à mains armées comme les vols à l' arraché sont de cette même nature avec des degrés de gravité différents. Le règlements de compte en bandes rivales sont le résultat d'une rivalité pour s'approprier le privilège géographique d'un trafic illicite.

      La sanction doit être sévère, surtout en cas de récidive et les magistrat devraient faire application de la maxime : qui vole un œuf vol un bœuf. Ce n'est pas parce que le préjudice de la victime est souvent minime que le vol à l'arraché d'un téléphone portable ne doit pas être sévèrement puni. Peut-être serait-il bon de rappeler dans les cours d' Instruction civique que la propriété a été reconnue comme un droit sacré dans la première déclaration des droits de l' homme plutôt que de seriner bêtement la phrase de Proudhon selon laquelle « la propriété c'est le vol « ».

       On peut se demander si les viols appartiennent à cette catégorie ou à celle des violences de de domination: le violeur cherche-t-il à s' approprier le corps de l' autre qu'il n'a pas pu obtenir par le séduction ou est-ce une manière dominer sa victime ? La réponse à cette question devrait orienter la suivi psychologique du condamné.

       Les violences de libération constituent une autre catégorie à examiner. La violence sert ici à se défouler d'une pression trop forte. C'est typiquement ce qui s'est passé après le récent match perdu par le PSG.

      Cette violence , que l'on pourrait croire gratuite, n'est pas comme on l'a dit « casser pour casser », mais casser parce que l'on a que ce moyen pour décompresser une tension que l'on ne sait plus maîtriser. Casser une voiture dont on ignore qui en est le propriétaire n'a pas de sens de protestation ou d'appropriation. On casse parce que ça fait du bien ! Les voitures et les abri-bus cassés servent en quelque sorte de punching-ball. Bien sûr lorsqu'en plus de casser une vitrine, on pille le magasin, on bascule alors dans la violence d' appropriation.

      Dans certaines entreprises a été instituée une salle de défoulement où les employés et cadres peuvent venir taper sur des punching-ball en hurlant leur colère tout leur saoul. Une fois calmés, ils reprennent leur travail le plus normalement du monde.Jusqu'au XVI siècle, certaines fêtes comme la fête des fous et les nombreux carnavals servaient d'exutoire. L'autorité même religieuse était ridiculisée et tout était plus ou moins permis.La fête terminée, tout rentrait dans l' ordre.

      La pratique sportive, et notamment les sports de combat est un bon échappatoire à cette tension intérieure, à condition que cette pratique ne dégénère pas pour devenir un outil de violence. Les fédérations sportives doivent rester très vigilantes. Il y a de nombreuses années, un champion de Karaté avait été attaqué dans la rue par 3 voyous. Très facilement, il les envoya tous trois au tapis. Il n'y eu aucune poursuite pénale car la légitime défense était évidente. Pourtant sa Fédération le suspendit pendant six mois au motif qu'il avait porté des coups, alors que dans cette discipline les coups doivent être retenus. Cette décision très sévère doit néanmoins être approuvée.

       L'aliénation mentale est très souvent une cause de violence. On sait que 30 à 40% de la population carcérale souffre de troubles psychologiques graves. L'irresponsabilité pénale totale est très rarement reconnue par les experts judiciaires qui, souvent ne retiennent qu'une atténuation partielle de la responsabilité sans pour autant nier l'existence de pathologies sérieuses. Ces condamnés se retrouvent en prison mêlés aux autres détenus. Le plus souvent , les services médicaux de la prison ne peuvent que mettre en place une camisole chimique qui calmera le détenu sans le soigner. La récidive est probable même si un suivi psychiatrique ou psychologique est ordonné après la libération. Tant que le suivi est assuré, les problèmes peuvent être canalisés, mais un jour ou l' autre, le malade interrompra le suivi et alors le risque de récidive redevient maximum. Bien entendu, cette aliénation mentale partielle ou totale se cumule avec les autres formes de violence. Elle agit comme un facteur multiplicateur mais elle en est rarement la cause unique.

       Les addictions à l'alcool et aux drogues sont aussi à l' origine de beaucoup de violences. Les usagers en manque sont prêts à tout pour se procurer leurs produits. El lorsqu'ils ont consommé leur drogue, ils sont désinhibés et toutes les barrières disparaissent pour laisser libre-court aux instincts les plus brutaux.

         Les hôpitaux psychiatriques n'ont pas la possibilité d' accueillir tous ces malades,ni même de les suivre correctement en milieu ouvert. C'est pourquoi il apparaît urgent de créer des structures adaptées, semi-ouvertes qui se substituaient à la prison et dans lesquels les pensionnaires seraient suivis de très prés. Les danois ont mis en place ce type de structure et leur taux de récidive est un des plus bas d' Europe.

        On voit bien que les différentes catégories de violence ne peuvent avoir une réponse unique.Mais là ou règnent ces différents type violences, la civilisation est en danger. Il faut rappeler ici l' ethnologie des mot politesse et obéissance. Le premir vient de du mot grec polis qui signifie la cité. La politesse est l'art de vivre dans la cité. Pourquoi inventer des formules ridicules comme « le vivre ensemble » ou « la citoyenneté » ou « faire nation ». Quant au verbe obéir, il vient d' obedire qui signifie écouter . Apprenons simplement la politesse et l' obéissance à nos enfants et beaucoup de formes de violences disparaîtront. C'est ce que l'on appelait la bonne éducation.