Le Revenu Universel est-il une bonne idée ?
Lorsqu'une même idée est reprise par des personnalités aussi diverses que Benoit Hamon et Gaspard Koenig, il est indispensable de s'interroger sur sa pertinence. Il en est ainsi du revenu universel, prôné à la fois par les tenants du néo-libéralisme et par une partie des socialistes.
Le premier élément frappant est que cette idée divise autant la droite que la gauche. De même une partie de La Macronnie la soutient alors qu'une autre partie le rejette violemment . Il est vrai que les modalités de ce revenu universel sont également très diverses.
Pour les uns, il ne s'agit que d'améliorer le RSA, alors que pour d 'autres, il est question d'une allocation unique versée à tous et qui remplacerait toutes les allocations existantes. Sa forme pourrait être un impôt proportionnel négatif alors que d'autres préconisent une allocation universelle versée sans condition de revenu ni de recherche d'emploi. Pour les uns, le revenu universel est réservé aux nationaux alors que d'autres le prévoient pour tous les résidents, légaux ou illégaux. Les revenus assurantiels font également débat, car certains les incluent dans le revenu universel alors que pour d'autres ils doivent être maintenus puisqu'il s'agit d' une prestation contrepartie de cotisations payées antérieurement par le bénéficiaire. Son montant pose également question puisqu'il varie de 400 euros à 1500 euros mensuels.
Il ne saurait être question ici de faire la somme de toutes ces modalités diverses et l'on voit bien que cette idée nécessitera encore beaucoup de discussions passionnées. Par contre on peut s'interroger sur les réticences qu'elle suscite .
Le première point d'achoppement est que ce revenu universel est en contradiction totale avec un des fondements de notre civilisation judéo-chrétienne construite sur une certaine idée du travail issue de la Bible : chassés du paradis terrestres par Yahweh, Adam et Eve devront gagner leur pain à la sueur de leur front. Cette image de la nécessité du travail justifie la méfiance à l'égard de l'oisiveté considérée un fléau social. A contrario, dans Saint Mathieu, la parabole des ouvriers de la onzième heure payés le même salaire que les ouvriers de la première heure pourrai être interprétée comme une justification d'un revenu égal pour tous.
Le revenu universel est également en contradiction avec l'idée que tout travail mérite salaire et que donc tout salaire provient nécessairement d'un travail. Payer quelqu'un à ne rien faire choque. Pourtant la rente qui est un revenu sans travail ne choque pas. Le « surfeur de Malibu » de John Rawls qui consacre tout son revenu universel à sa passion sportive choque, alors que le même surfeur, s'il bénéficie d'une rente, sera envié.
Dans la société de l' abondance que les économistes prévoient, l'intelligence artificielle et la robotisation vont nécessairement diminuer la quantité de travail humain nécessaire à une production de plus en plus abondante. De moins en moins nécessaire, le travail risque donc de perdre de sa valeur et de ne plus être capable de faire vivre dignement celui qui y est astreint . D'où la nécessité d'un revenu universel qui viendra en sus du revenu de travail. En s'ajoutant au revenu du travail, ce revenu universel ne favoriserait pas l'oisiveté puisque le travailleur gagnera plus que celui qui ne voudra pas travailler. De plus, en modulant le montant de ce revenu, l'État pourra lutter contre l'inflation en diminuant le revenu universel et donc la masse monétaire, alors qu'au contraire, en l'augmentant, il pourra lutter contre la récession.
On voit donc que le revenu universel ressemble à une promesse d'un paradis retrouvé dans lequel chacun devrait pouvoir vivre selon ses penchants au risque pour certains de sombrer dans la paresse la plus totale, affalés sur un canapé défoncé, occupés à regarder des séries débiles à la télévision. A moins que les déclinologues n'emportent la partie et nous obligent à retourner à l'état des chasseurs-cueilleurs accaparés 24 /24h par la recherche de leur pitance.
Il est en tous cas une chose que le revenu universel ne pourra jamais donner, c'est la satisfaction du travailleur en contemplant son travail parfaitement exécuté. Rien ne pourra jamais remplacer cette fierté du travail bien fait.