LES 7 PLAIES DE LA VIE POLITIQUE FRANÇAISE RÉVÉLÉE PAR LE COVID19
Il est certainement trop tôt pour tirer les leçons de la crise sanitaire qui a frappé tous les pays avec des gravités différentes , des réactions contradictoires, et des conséquences disparates.
Le gouvernement français a fait comme il a pu avec les moyens dont il disposait. La France n' était pas préparée à cette pandémie qu'elle a plutôt bien gérée sur le plan sanitaire.L'histoire dira si le confinement qui a, sans aucun doute, évité l'engorgement des services de réanimation, était le bonne mesure à prendre.
Cette crise a montré qu'un certain nombre de difficultés sont apparues dont l'origine n'était pas liée à la crise mais que la crise a mis en évidence.
Lorsque l'on compare cette crise aux précédentes crises sanitaires, ce qui frappe tout d'abord c'est cette tétanie qui a paralysé le pays. Durant les crises des décennies précédente de 1957 ,et 1968, qui ont fait au jour d'aujourd'hui plus de morts en France, la vie a continué sans panique ni blocage du pays. Il est donc intéressant d'examiner ce qui changé .
Le premier facteur est certainement celui de la place prise par l'information et plus précisément les chaînes d'informations continues. Toujours à la recherche d'un sujet pouvant justifier l'édition spéciale qui propulse leur audimat, les chaînes d'informations continues se sont gobergées de cette crise et continuent de le faire. Face à cette déferlante mediacratique toujours plus catastrophique et apocalyptique, les gouvernements et les chefs d' État de tous les pays ont été obligés de se catapulter sur le devant de la scène au risque de dire des bêtises et d'être obligés de se déjuger. En France, imagine-ton le général de Gaulle prenant la parole à plusieurs reprises à la télévision sur la grippe de Hong-kong ? Le Président Macron, face à cette colique télévisuelle n'avait pas le choix, mais il y a perdu des plumes !
Plus grave, non seulement les médias ont paniqué l'opinion publique, mais ils faut rappeler qu'ils ont une responsabilité importante dans la crise des masques ! Sans la campagne audiovisuelle initiée par Madame Elise Lucet qui a mis au pilori Madame Bachelot, coupable d' avoir stocké des masques inutiles, il est probable que la pénurie de masques n'aurait pas eu lieu. On attend toujours le mea-culpa des journalistes qui ont participé à cette campagne. Mais la contrition ne semble pas être enseignée dans les écoles de journalisme. Pourtant les journalistes sont les premiers à demander aux politiques de faire amende honorable lorsqu'ils se sont trompés, mais eux-mêmes n'avouent jamais leurs erreurs sans doute parce que leur discrédit ferait baisser l' audimat.
La seconde cause d'aggravation de la crise a été la pénalisation de la vie politique. Depuis la crise du sang contaminé, les politiques et les administratifs, quelques soient leurs nivaux de responsabilités, vivent dans la hantise de se retrouver traduit devant un tribunal par le premier citoyen venu, mécontent d'une décision prise. Contrairement à ce qui passe aux Etats Unis, où les plaignants doivent apporter la preuve de leurs griefs et de la responsabilité des personnes visées, en France, il suffit de déposer une plainte pénale entre les mains du juge d' instruction et d' attendre tranquillement le résultat. La personne contre qui la plainte a été déposée devra, elle, se disculper et subir les affres de l'enquête. Le dépôt de la plainte fera naturellement la une des médias, mais si la plainte n'aboutit pas, personne n'en parlera. L'honorabilité de l'homme politique sera tout de même discréditée. Son seul recours est une plainte en diffamation qui n'intéressera personne. Face à cette menace, les décideurs, privés ou publiques, vont naturellement chercher à se protéger en se bardant de précautions.
La troisième plaie, c'est justement le principe de précaution. Que l'on puisse reprocher à quelqu'un d'avoir transgressé volontairement les règles élémentaires de protection contre un risque certain est tout à fait légitime. Mais que l'on soit obligé de prendre des précautions contre un risque qui n'est pas avéré paralyse toute initiative. Il faut ici rappeler un principe que l'on apprend en première année d'étude de droit : la preuve négative n'existe pas. Je ne peux pas prouver que ne pas. Je peux prouver que quelque chose est dangereux. Je ne peux jamais être sûr que la même chose ne se révélera pas dangereuse dans des circonstance ignorées à ce jour.Le précautionisme étouffe toute initiative.
La quatrième plaie, la bureaucratie et LA cinquième plaie, le centralisme , ont été à l' origine d'une véritable paralysie. Pour ouvrir les écoles, il faut 60 pages dactylographiées pour des instructions qui tombent sous le sens. Pas moyens d'autoriser et d'encourager les entreprises qui voulaient et pouvaient fabriquer des masques. Il fallait respecter des normes édictées par on se sait qui. Résultat, on est obligé de confiner parce qu'on n'a pas de masques. La vision française de la régionalisation, c'est l' administration centrale qui décide et la région qui est responsable de l' exécution, alors que cela devrait être tout le contraire.
La sixième plaie que le Covid a révélée est l'ineptie de croire qu'un aréopage de médecins, tous plus savants les uns que les autres, allait permettre que se dégage une vérité unique. Il est normal et utile que la science, et plus particulièrement la médecine qui n'est qu'un art, fasse l'objet de débats. Il est utile qu'il existe une controverse à propos de tel médicament alors que l'on ignore à peu prés tout du virus. Mais les politiques ont démissionné au profit d'experts qui ne savaient rien et qui n'ont cessé de se contredire. En conséquences, les politiques, qui les ont trop écoutés, se sont eux-mêmes discrédités. Pour paraphraser Clemenceau on pourrait dire que la santé est une chose trop sérieuse pour être laissée entre les mains des médecins ! Gardons nous de la prise de pouvoir par les experts car ils ne doivent remplacer ni le juge, ni le décideur politique. Halte à la sanicratie !
La France, fidèle a son habitude, et c'est la septième plaie, a fait preuve d'uns suffisance insupportable alors qu'elle est très mal placée dans le classement des pays en fonction du nombre de morts par millions d' habitants. Elle a critiquée les Etats6Unis, la Grande Bretagne, l' Italie, le Bresil bien qu'elle n'aie pas fait mieux qu'eux. Elle aurait mieux fait de prendre exemple sur l' Allemagne ou le Japon. Il est indécent de se servir de cette crise pour vilipender des chefs d' État dont on ne partage pas les convictions.
Au lieu décrire, chacun selon ses convictions, des lendemains hypothétiques, tachons simplement de tirer les leçons de cette crise pour reformer notre vie politique.