Poutine dans le piège ukrainien


     Poutine a cru renforcer son régime dictatorial par une aventure guerrière, comme, avant lui, Mussolini avec l' Éthiopie. Mal lui en a pris, car ce qui ne devait être qu'une promenade de santé est en train de se transformer en déroute. Or si les démocraties arrivent parfois à surmonter une défaite, les régimes dictatoriaux n'y survivent pas.

    La propagande ne pourra pas cacher très longtemps les difficultés rencontrées par l'armée, ni les morts et les blessés par milliers. Accuser les occidentaux d'être responsables de ces difficultés ne peut être une excuse valable aux yeux du peuple russe qui ne peut ignorer qui est l' agresseur et qui est l'agressé.

      Poutine, contrairement aux politiques de détente menées par Gorbatchev et Eltsine, a préféré l'affrontement avec l'Ouest. Dans son entêtement à vouloir redonner à la Russie les frontières de l'URSS, il s'est aliéné non seulement les occidentaux mais aussi une partie des non-alignés. Quelque soit le sort des armes, la Russie sortira très affaiblie de cette mésaventure. Il semblerait que Poutine soit dans l'incapacité d'imaginer une sortie autre que sa victoire qui, sans usage d'armes chimiques ou nucléaires, paraît improbable. Une guerre longue de position, hypothèse la plus prévisible, sera économiquement désastreuse en raison des sanctions internationales et deviendra de plus en plus impopulaire. Sans changement de régime, l'ouverture de négociations est impensable. La seule possibilité d'un règlement du conflit passe donc par un renversement du régime , soit par un coup d'état militaire, soit d'une révolte populaire.

     La question qui se pose à nos démocraties n'est plus de savoir s'il faut ou non humilier Poutine mais de savoir comment favoriser cette révolte. Internet, jusqu'à maintenant n'a pas tenu le rôle contre-propagande que l'on aurait pu espérer, peut être parce que nos démocraties n'ont pas compris qu'il fallait investir massivement dans la guerre de l'information. Avec les satellites, il y a certainement des possibilités d'ouverture de canaux d'informations en langue russe qui, échappant à la censure, permettraient  au peuple russe d'apprécier la gravité de la situation. Expliquer que cette guerre est sans issue, qu'elle est injuste, cruelle, et meurtrière. Détruire l'argumentation selon laquelle les Ukrainiens sont des néo-nazis qui voulaient exterminer les russophones vivant en Ukraine. Démontrer que les Etats Unis ne rêvent pas de détruire la Russie alors qu'au contraire, durant la période de la détente pré-poutiniene, l'Occident et le FMI ont aidé la Russie. Qu'il n'existe aucune menace contre la Russie à partir du moment où celle-ci respecte le droit international et la liberté des peuples à disposer d' eux-mêmes. Prouver que le budget disproportionné consacré à la défense serait plus utile s'il était destiné au développement économique. Témoigner que Poutine est un mafieux adepte des coups tordus, qui ne songe qu'a son enrichissement personnel et qui ne soucie absolument pas du peuple sur lequel il fait régner une véritable terreur digne de Staline pour se maintenir au pouvoir envers et contre tous.

     Il est tout aussi utile de fournir à la population russe des arguments contre Poutine que des armes aux ukrainiens. Messieurs les gouvernants , donnez vous les moyens d'échanger directement avec le peuple russe et Poutine sera vite balayé !