Quand la Pataphysique supplante la Métaphysique


     On apprenait, il y a encore peu, qu'il y avait trois règnes sur la terre : le règne minéral, le règne végétal et le règne animal et que , dans ce dernier les créatures humaines avaient une place à part. La théorie de l'évolution a démontré que l'homme n'était qu'un lémurien ayant bien évolué. Les plantes carnivores mettent en doute l'existence d'une vraie barrière entre le règne animal et le végétal, de même que le corail démontre la fragilité de la frontière entre le végétal et le minéral.

     S'appuyant sur cette continuité, nos pataphysiciens modernes, végans et autres antispécistes en tirent arguments pour dénoncer la cruauté de l'homme envers les animaux. Quand on leur oppose la cruauté naturelle du lion qui dévore la gazelle, ils expliquent qu'il faut créer des réserves fermées pour les lions que l'on nourrira avec de la viande artificielle et dont on modifiera l' ADN pour les rendre végétariens. Faudra-t-il en faire autant pour les plantes carnivores en ayant recours aux OGN?

      On apprenait il y a peu qu'il y avait cinq races. Depuis, les analyses ont montré que l' ADN de tous les hommes était semblable et que l'on ne pouvait pas parler de races différentes chez les humains. Les pataphysiciens tendance décolonialistes et autres Wokes en concluent que la prééminence de l'occident est la conséquence de l'esclavage et du colonialisme par la race blanche et demandent que la blanchitude subisse une discrimination négative. Il faut différencier l'homme blanc dominateur au profit du racisé opprimé. Chassez le racisme, il revient au galop!

     0n apprenait il y a peu qu'il y avait deux sexes , le féminin et le masculin, et qu'il y avait trois genres, le féminin, le neutre et le masculin, les deux derniers se confondant dans la langue française. Aujourd'hui, la patapysique de la théorie du genre nous apprend que le sexe ne correspondrait pas au genre, ce dernier étant imposé à l'enfant sans concertation par ses parents. Il faudrait en outre distinguer un sexe biologique, un sexe légal, un sexe apparent, un sexe social et un sexe psychologique et, pour éviter toute stigmatisation, et y adjoindre les homos, les bis et les trans.

     Ce n'est pas d' aujourd'hui que des concepts fondateurs des sociétés sont remis en cause par de nouvelles religions ou idéologies qui cherchent à donner une nouvelle explication du monde. Cela n'a pas toujours été sans résistances parfois très violentes. Depuis Galilée, on sait que la terre n'est pas le centre de l'univers. On croyait également que l'homme , créature de Dieu, avait vocation à régner sur la terre. Depuis la découverte des galaxies, des trous noirs et des exoplanètes, a beaucoup relativisé l'importance de l'homme dans le cosmos. Les progrès de la Science ont permis d'élucider un très grand nombre de questions, mais au fur et à mesure que la science progresse, elle ouvre de nouveaux champs d'incompréhension encore plus vastes. La Science ne pouvant rassurer l' homme sur sa place dans la nature, elle est de ce fait créatrice d'angoisses. La déconstruction des principaux concepts philosophique a pris de l'ampleur avec Heidegger. N'ayant plus à sa disposition de réponse universelle, l'homme du XXI° siècle cherche à se prémunir de ce doute inconfortable par des réponses partielles assenées comme des vérités universelles. Ces réponses étant contradictoires entre elles, c'est la confusion et l'incohérence qui prédominent. C'est donc bien le retour de la pataphysique qui ne s'intéresse qu'au singulier !

     On voit bien que le point commun de ces nouvelles définitions réside dans la recherche d'une nouvelle acceptation de la nature de l'homme et de sa place dans l'univers. Les religions avaient hiérarchisé plusieurs degrés dans l'univers : au sommet régnait Dieu (ou les Dieux), puis dans l'ordre venaient les hommes, les sous-hommes (esclaves ou races inférieures), les animaux, les végétaux et les minéraux. Gagarine n'ayant pas trouvé Dieu dans l'espace, et la biologie ne donnant que des réponses incomplètes, ce sont les sociologues qui ont pris le pas sur les philosophes pour demander la déconstruction de la culture, source d'inégalité. On se rabat alors sur une vague forme de panthéisme terrien sous le nom de Gaïa, prônant un mythique retour au chasseur-cueilleur.

     On apprenait, il y a peu, une matière qui s'appelait la métaphysique dont le but était de mettre en harmonie tous les savoirs. Peut-être serait -il temps de s'y adonner de nouveau pour rendre une certaine cohérence à nos sociétés modernes en proie à tous les déconstructionnismes pataphysiciens