VEGAN VERSUS ECOLO


     La défense des animaux est une cause qui rassemble de plus en plus d'amis qui souvent se présentent comme écologistes, alors pourtant que ces deux mouvements sont en fait en opposition sur beaucoup de questions.

    Du simple adhérent à la SPA jusqu'aux plus extrêmes des antispécistes, il existe une volonté commune : assurer le bien-être des animaux, ce qui est un but noble et respectable. Certains en tirent la conclusion qu'il faut refuser toute alimentation animale, ce sont  les végétariens. Les végétaliens vont plus loin en repoussant en plus les poissons, le lait et les œufs . Les végans récusent tout ce qui peut provenir d'un animal, comme le cuir et tous produits ayant été testés sur un animal.

     Les antispécistes se placent sur un plan plus philosophique en affirmant que contrairement à ce que pensent les humanistes, il n'y a pas de différence ontologique entre l'homme et l'animal. Ils pensent que l'homme n'est qu'un animal parmi les autres et qu'en conséquence, il ne doit pas profiter de sa situation pour abuser des autres formes animales qui ont, autant que lui, droit à la vie. Toutes formes d'exploitation de l'animal sont condamnables: animaux de traction, élevage, équitation, ainsi que toutes formes d'expérimentations animales. Compte tenu de ce que dans la nature, le fort mange le faible, il faut éradiquer tous les prédateurs, quitte à avoir recours à des modifications génétiques pour rendre le lion compatible avec la gazelle.

     Toutes formes d' élevage étant proscrites, la nourriture ne peut être que d'origine végétale y compris la viande qui sera produite à base de végétaux. Cette viande artificielle peut provenir de soja ou d'huile de palme dont les cellules sont modifiée par transgénèse soit par multiplication de cellules animales musculaires mises en culture, soit enfin à partir protéines synthétisées par des levures génétiquement modifiées. Tous ces procédés existent déjà et l'on trouve en supermarché des saucisses ou des steaks d'origine purement végétale. Inutile de dire que les grands groupes industriels de l' agro-alimentaire se sont précipités sur ce nouveau marché. Il serait cependant intéressant de connaître l' empreinte carbone exacte de ces produits.

     La viande végétale, produite par les multinationales de l' agro-alimentaire va nécessiter une quantité très importante de protéines d' origine végétale. Pour obtenir ces protéines végétales, on peut faire confiance à l' industrie agro-alimentaire pour encourager l'agriculture intensive de céréales et de protéagineux au risque de menacer la biodiversité. L'alimentation de type vegan a recours à beaucoup de produits avec des bilans carbone très mauvais : avocats, riz, noix de cajou, quinoa, millet, huile de palmes et surtout soja toujours OGM avec une utilisation très importante de glyphosate ( Roundup).

     En proscrivant toutes formes d' élevage, on condamne les éleveurs à devenir des producteurs intensifs de céréales alors que 30% prairies naturelles ne pourront être mises en culture ( zone de montagne, zones trop sèches ou trop humides). En interdisant la chasse, on risque de voire se multiplier les dégâts causés par le grand gibier, ce qui diminuera d' autant la production.

     Pour les écologistes au contraire, ce qui compte c'est préserver un équilibre au sein de la biodiversité et, en quelques sortes, laisser faire la loi de la nature. Il est dans l'ordre des choses que le puceron soit mangé par la coccinelle qui ,elle même, sera mangée par la grive, elle même poursuivie par la buse. L'homme doit bien se garder de rompre cet équilibre, ce qu'il ferait lorsqu'il utilise des OGN ou des pesticides. Pour les écologistes, les prairies naturelles sont indispensables parce que l'herbe consomme du CO2 et représente un vrai réservoir de biodiversité faunistique et florale. Les prairies naturelles ont un rôle important dans la régulation des flux d' eau. Le pastoralisme de montagne empêche que les territoires de montagne ne se referment. Enfin les déjections animales sont l'engrais privilégié des exploitations agricoles bios.

     On voit donc bien que deux conceptions diamétralement opposées s' affrontent :lobbies agro-alimentaires versus agriculture de proximité, biodiversité versus uniformisation par cultures OGN et bricolage génétique pour rendre végétariens les animaux carnivores !

     L'alimentation vegan n'est pas sans danger notamment en raison de carence en vitamine B12 même si les vegans affirment qu'avec des modifications génétiques, le problème pourra être résolu.

     On sait que l'agriculture moderne est capable de nourrir les 9 milliards d'individus présents sur terre en 2050. En sera-t-il de même avec une alimentation végane supprimant 30% des terres actuellement en prairies naturelles qui retourneront à l' état de friche ? En sera-t-il de même avec une agriculture bio sans engrais et sans pesticides entraînant une perte de rendement de 30% ?

    L'agriculture moderne a fait d'immenses progrès dans les vingt dernières années. Les images satellite permettent une adaptation des quantités d'engrais correspondants à l'exacte consommation de la plante et l' usage systématique des pesticides est remplacé par un ajustement des traitements selon les réseaux d'alerte très précis.

     Depuis l' apparition de l'homo sapiens, l'espérance de vie n'a jamais été aussi longue et la famine régresse chaque année dans le monde. Alors faisons confiance au progrès au lieu de laisser l'humanisme des lumières être remplacé par des idéologies fumeuses et contradictoires.