vers la fin du progrès-bashing?


          Pendant les quelques jours qu'ont duré les blocages initiés par les agriculteurs, les médias, surpris par le soutien massif de la population, ont relayé leurs revendications bien que celles-ci ne correspondent pas avec la doxa écologique. Ces revendications peuvent se résumer en une phrase : « laissez nous faire notre bouleau. »

         Sonnés dans un premier temps par cette révolte qu'ils n' avaient pas vu venir, les écologistes essayent de reprendre la main et critiquent « la pause » voulue par le gouvernement. Leur argumentation est simpliste : plus de produits phytosanitaires car ils sont dangereux, plus d'agriculture intensive car elle participe au réchauffement climatique. Or ces deux affirmations sont non seulement absurdes mais dangereuses pour l' avenir.

         La mise en cause des produits phytosanitaires repose en grande partie sur une application déraisonnable du principe de précaution selon lequel s'il existe le moindre soupçon qu'un produit soit dangereux, il doit être interdit . Ainsi pour le glyphosate qui est soupçonné, sans aucune preuve scientifique, d'être à l'origine d'une surmortalité des agriculteurs due au lymphome non hodgkinien. Or ce cancer est le plus fréquent chez les personnes âgées de plus de 60 ans. Comme on sait par ailleurs que les agriculteurs sont la catégorie socio-professionnelle qui vit le plus longtemps, il n'est pas surprenant de trouver une plus forte proportion de cette maladie chez les agriculteurs. Comment du reste expliquer cette longévité des agriculteurs alors qu'ils sont les plus exposés aux produits phytosanitaires réputés si dangereux ?

      A la demande des tenants d'une écologie punitive, le green deal prévoyait une diminution de 50% des produits phytosanitaires sans faire aucune distinctions entre les différentes familles et produits. Un fongicide, un désherbant, un conservateur ou un insecticide n'agissent pas de la même façons et ne doivent être mis dans le même sac. Ce n'est pas parce que l'insecticide chloredécone s'est révélé très dangereux et a été retiré que tous les autres produits phytosanitaires doivent être retirés même si chimiquement ils n'ont rien à voire.

       Dans les année 70, il y avait 6 millions de voitures qui tuaient 15000 personnes par an. Selon cette logique absurde des 50% , on aurait donc dû limiter le nombre de voitures à 3 millions. Aujourd'hui il y a 33 millions de voitures qui ne tuent que 3000 personnes par an parce que les voitures sont plus sûres et que l'on réprime sévèrement les comportements dangereux ( vitesse excessive alcool, drogue). Si l'on avait appliqué le principe d'interdiction en cas de suspicion de danger (principe de précaution), on aurait également interdit les trains -on craignait en effet que les passagers ne soient asphyxiés dans les tunnels- et l'on serait revenu au transport hippomobile que les mêmes écologistes auraient condamné au nom du bien-être animal. De même serait-il raisonnable de décider de supprimer un médicament sur deux au prétexte que le médiator, mal utilisé, s'est révélé très dangereux ?

       Cessons de croire toutes les sornettes qui sont rabâchées à propos de l'agriculture.

     -Non le labour ne participe pas au réchauffement climatique ainsi que l'ont prouvé l'INRA et Avalis.

   -Non, il n'est pas nécessaire de laisser les terres en jachères pour qu'elles se reposent. Contrairement à ce qui est répété, les terres laissées autrefois en jachère une année sur trois étaient labourées plusieurs fois pendant cette année de jachère, permettant ainsi un désherbage par enfouissement des repousses.

     -Oui il est probable que très bientôt on pourra empêcher les vaches de roter du méthane grâce à un complément alimentaire. Par contre pourquoi la question ne se pose-elle pas pour les dizaines de milliers de gnous et autres antilopes qui produisent du méthane sans aucun bénéfice pour quiconque. Faut-il interdire les antilopes ?

     Les agriculteurs ont été les catalyseurs qui ont permis qu'apparaisse le ras le bol et l'absurdité de l'écologie punitive. Espérons seulement qu'il ne s'agira pas d'un feu de paille vite éteint par la lance à incendie de la doxa écologique.

       La population humaine va culminer à 9,5 milliards d'habitants dans les 50 ans qui viennent. La population des chasseurs-cueilleurs en Europe a été estimée à 300 000 habitants. En passant à l' agriculture, les européens sont devenus 30 millions. Aujourd'hui, ils sont 700 millions. Sans une agriculture productive utilisant des engrais et des produits phytosanitaires, il sera impossible de tous les nourrir tous puisque les rendements seraient divisés par 2. Quoiqu'en pensent les partisans de la décroissance, il est illusoire de penser que la population mondiale pourrait être divisée par deux dans les cinquante ans qui viennent. Mais on peut toujours rêver que 9,5 milliards de cueilleurs-non chasseurs déambuleront pacifiquement sur la planète à la recherche de leur pitance,